Élections américaines et médias : conférence de Laurence Nardon aux Champs Libres

Le 5 novembre prochain auront lieu les élections présidentielles américaines scrutin de la plus haute importance dans un contexte international tendu. Entre Kamala Harris (Démocrate) et Donald Trump (Républicains), les taux sont très serrés, impossible encore de connaitre le dénouement, face à un électorat américain extrêmement polarisé. Mais alors qui vote pour quel candidat ? Et comment les médias américains influent-ils sur le déroulement et le résultat des élections américaines ? Laurence Nardon, nous dresse, lors de sa conférence aux Champs Libres, le portrait d’un pays déchiré entre deux visions de l’Amérique.

Comme elle le souligne, le paysage médiatique américain est immense du fait de la géographie du pays, soumis à différents fuseaux horaires et une actualité locale dense et propre à chaque état. Rappelons également que ces médias sont essentiellement privés : « Les Etats Unis ont donc toujours eu du mal à avoir de grands médias fédérateurs entravant toute possibilité de créer un récit commun. » Cette division du paysage médiatique est également renforcée par l’orientation politique de ces grands médias. Chaque classe sociale s’informe et se réfère à son média de référence : « Fox news pour les républicains, NY- Times pour les démocrates ». La population américaine vit alors « en silo » comme le dénonce la journaliste, renforçant quotidiennement leur positionnement idéologique. Les Américains vivent dans deux univers médiatiques différents, deux visions du monde qui s’opposent. Ils sont perpétuellement convaincu de nouveau dans ce en quoi ils croient déjà. "Les soutiens de Trump et ceux de l’aile gauche du Parti démocrate évoluent dans des mondes complètement distincts » souligne la journaliste.

Laurence Nardon affirme également que « deux formes de journalisme coexistent » aux Etats-Unis : un journalisme d’enquête, qu’elle nomme de « journalisme sérieux », et un journalisme qui relève des sentiments, celui utilisé particulièrement par les conservateurs et la droite américaine. Laurence Nardon en vient alors au constat suivant : « Le paysage médiatique américain est très abimé, bien plus qu’en France ».

Sur le portrait de chaque candidat, elle note que : « Trump parvient toujours à convaincre là où Kamala Harris n’imprime pas encore ». Pour convaincre, Trump martèle le message de la « tradition anti intellectuelle », tradition historique, qui consiste à dire que les Américains « sont là avant tout pour défricher un pays ». C’est le règne de l’individualisme. Harris de son côté, reste pour le moment, comme l’explique Laurence Nardon bloquée dans son rôle de Vice-Présidente même si elle a réussi à prendre assez rapidement sa place de candidate suite à la décision de Joe Biden. Elle est très présente sur tous les médias y compris conservateur pour convaincre un électorat qui serait encore indécis.

Laurence Nardon a également tenu à rappeler que les médias occupent une place primordiale dans la politique américaine, « c’est eux qui annonceront les résultats le 5 novembre prochain ». Ils occupent en définitive, un « véritable rôle civique dans la société ».