Dans le cadre de la formation continue Executive MBA - Métiers du politique, Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires étrangères est intervenu à Sciences Po Rennes pour évoquer les enjeux de la décentralisation.
Interrogé sur l’acte III de la décentralisation, Jean-Yves Le Drian a d’abord rappelé que c’est la mise en place des collectivités territoriales, produit de la Révolution française, qui a réellement permis la création d’un sentiment d’appartenance en France.
Il a également souligné que la décentralisation de la République est un principe constitutionnel, depuis la loi constitutionnelle du 28 mars 2003. Cette loi a alors ouvert l’acte II de la décentralisation, l'acte I ayant commencé aux prémices du premier septennat de François Mitterrand.
Présent au sein du gouvernement ayant initié l’acte III, l’ancien ministre considère que le problème de la décentralisation n’a jamais été pris sous le bon angle. Il estime que l’État a très rarement compris la nécessité de décentraliser ses compétences propres. À l’inverse, les gouvernements ont successivement réorganisé les compétences déjà détenues par les collectivités, ce qui n’a pas permis une décentralisation aussi importante que chez la plupart de nos voisins, malgré les multiples réformes.
De surcroît, il souligne que la décentralisation a toujours été envisagée avec un manque de lucidité, sous le prisme de l’uniformité, les dirigeants considérant que chaque compétence délocalisée devait être exercée de la même manière partout. Or, Jean-Yves Le Drian estime que la prise en considération de l’histoire, des spécificités et des sentiments d’appartenances propre à chaque département et région est fondamentale. Il évoque notamment la nécessité de conserver des interlocuteurs proches et propres à ces ensembles.
L’ancien ministre considère que l’échec de la décentralisation fait partie intégrante de la crise de la distance qui s’est installée entre l’État et ses concitoyens, les Français se sentant désormais déclassés, ignorés et délaissés. D’après lui, la présidence d’Emmanuel Macron n’a rien arrangé à ce phénomène puisqu’elle a été marquée par une forme de recentralisation.
En somme, M. Le Drian considère que la décentralisation est aujourd’hui une solution inévitable face à un modèle dont l’efficacité, malgré les nombreux moyens mobilisés, n’est pas au rendez-vous. L’État doit pour cela renvoyer de réelles compétences aux régions, concernant les politiques du logement et de la santé par exemple, qui ne peuvent selon lui être exclusivement gérées depuis Paris.
L’EMBA - Métiers du politique est une formation continue axée sur les modalités de la gouvernance, à destination des élus, de leur collaborateurs et des cadres de la fonction publique. Cette offre de formation, proposée en partenariat par Sciences Po Rennes et l’École normale supérieure de Rennes, se déroule sur 120h.
