Rien ne la destinait au droit, et pourtant, Émilie Buttier dirige aujourd’hui le département responsabilité et assurance du cabinet Racine à Nantes. De la prépa littéraire à la robe noire, en passant par Sciences Po Rennes, cette juriste passionnée a construit, pas à pas, une carrière à son image : exigeante, curieuse, et profondément humaine. Une trajectoire marquée par l’audace, le goût du terrain, et un sens aigu du réel.
Son parcours
Rien ne prédestinait Émilie Buttier à la robe noire. Après un baccalauréat scientifique, elle réalise très vite que les sciences ne sont pas faites pour elle. Cap alors sur les lettres, avec une prépa littéraire à Chateaubriand à Rennes. Sans projet défini, mais avec une curiosité vive, elle se laisse porter par les exigences de la filière hypokhâgne.
En 1996, au terme de ses deux années de prépa, Émilie saisit l’opportunité d’intégrer directement la deuxième année de Sciences Po Rennes, grâce à une passerelle réservée aux khâgneux. Elle y poursuivra ses études jusqu’en 1998, au sein de la section "Service public". Très vite, elle se passionne pour les relations internationales, nourrie par un contexte géopolitique riche. Son stage de deux mois au consulat de France à Stuttgart confirmera cet intérêt, tout en mettant en lumière les réalités du quotidien diplomatique, qui ne la séduisent pas totalement.
C’est finalement baigné dans l’effervescence des concours de la fonction publique, auxquels prépare Sciences Po Rennes, que germe l’idée de présenter l’École nationale de la magistrature (ENM). À l’époque, aucun pont n’existait entre Sciences Po Rennes et la faculté de droit, indispensable pour se préparer au concours. Émilie, très motivée, a entraîné dans son sillage plusieurs camarades avec l’idée de proposer au directeur des études de l’époque de créer une passerelle avec la fac de droit. Cette demande a été entendue, voit le jour et perdure encore aujourd’hui dans le cadre du master à la preparation de l’ENM.
En parallèle de la préparation au concours de l’ENM, Émilie décide également de préparer le concours pour l’école d’avocat. Finalement, si l’ENM lui échappe, elle intégrera l’école d’avocats, avec en tête l’idée de retenter sa chance plus tard pour la magistrature. Le destin en décidera autrement. Très vite, ses stages en juridiction et en cabinet font naître une évidence : sa place est de l’autre coté de la barre, celle de l’avocat et non celui du magistrat.
Un seul entretien suffira pour intégrer le département Assurances d'un cabinet nantais. Un domaine qu’elle ne connaissait pas, mais qu’elle apprend sur le terrain, auprès de son maître de stage et en autodidacte. Très vite, elle s’y sent à sa place, séduite par la rigueur intellectuelle mais aussi par les dimensions techniques de ces contentieux.
Son métier
Aujourd’hui, Émilie Buttier dirige le département responsabilité et assurance du cabinet Racine à Nantes, cabinet présent dans plusieurs grandes villes françaises et en Belgique. Elle travaille au service de compagnies d’assurance, traitant des litiges complexes relevant de la responsabilité professionnelle en particulier dans l’industrie et le secteur médical. Incendies, vices cachés, sinistres médicaux : chaque dossier exige une immersion dans des univers techniques exigeants, aux côtés d’ingénieurs, d’experts judiciaires ou de médecins. Une diversité et des rencontres qui la passionnent. Ce qu’elle apprécie particulièrement, c’est ce mélange entre analyse juridique et compréhension technique : comprendre l’activité de son client, permet de mieux défendre ses intérêts. Son métier l’emmène régulièrement sur le terrain, dans les usines, les cliniques, les lieux des sinistres. Il faut aimer l’humain, et les rencontres.
Ce que sciences po lui a apporté
Pour Émilie Buttier, Sciences Po Rennes a représenté bien plus qu’une simple étape académique. Elle en garde le souvenir d’une parenthèse heureuse, une respiration bienvenue après les années intenses de prépa littéraire et avant la preparation au concours de l’ENM. Deux années de liberté intellectuelle où elle a pu nourrir sans cesse sa curiosité.
Ce qu’elle a conservé avant tout de cette formation, c’est une ouverture d’esprit précieuse, permise par la richesse et la diversité des enseignements. Sciences Po Rennes lui a appris à penser de façon transversale, à créer des ponts entre les disciplines, et à ne jamais s’enfermer dans une vision unique juridique. Cet esprit pluridisciplinaire l’accompagne encore aujourd’hui dans sa pratique d’avocate, où chaque dossier, particulièrement dans sa matière, l’amène à croiser le juridique et le technique.
Sciences Po Rennes lui a également transmis une méthode de raisonnement, une capacité à structurer la pensée avec efficacité et à appréhender rapidement les enjeux dans leur globalité. Cette vivacité intellectuelle, elle la mobilise chaque jour dans l’exercice de sa profession, où il faut savoir jongler avec des dossiers complexes, et savoir réagir avec justesse et efficacité auprès de ses clients.
Enfin, elle exprime une reconnaissance particulière envers l’équipe pédagogique de l’époque, qui a su entendre l’envie et la proposition de créer et offrir une passerelle vers la faculté de droit afin de permettre la préparation du concours de l’ENM aux étudiant de Sciences Po Rennes.
Au fond, Sciences Po Rennes lui a permis de garder le champ des possibles ouvert. Elle y est entrée sans plan de carrière arrêté mais la soif d’explorer. Et c’est en piochant un peu partout, au fil des expériences et des apprentissage, qu’elle a fini par dessiner une trajectoire qui lui ressemble.