À l’heure où l’alimentation durable devient un enjeu crucial, Sciences Po Rennes a organisé, dans le cadre de sa chaire « Agir pour Préserver l’Habitabilité de la Terre » (APHAT) portée par Gaëlle Petit, une table ronde avec les regards croisés de : Virginie Brégeon, maîtresse de conférences associée à Sciences Po Rennes, Élodie Dumas (Architecte - WUNDER), Régis Ferey (Professeur à l'École FERRANDI Paris - Campus de Rennes), Glenn Vigouroux (Responsable de l'agence de communication rennaise Tire-Fesses). Ils ont échangé autour de la question suivante : Quel marketing culinaire responsable pour l’agroalimentaire et la restauration bretonne, et comment repenser nos modes de consommation ? L’occasion d'interroger les liens entre création de valeur économique et souveraineté alimentaire, à travers les prismes de la sociologie, du food design et de la communication.

Le marketing culinaire : entre sociologie, histoire et food design
Loin d’être un simple outil de vente, le marketing culinaire s’inspire aujourd’hui de la sociologie, de l’histoire et de la communication digitale pour imaginer un avenir alimentaire plus respectueux et inclusif. Il interroge le lien entre la création de valeur financière et la souveraineté alimentaire. Comment concilier viabilité économique et engagement durable ?
Comme l’explique Virginie Brégeon, cette réflexion passe notamment par la notion de « culinarité », qui remet au centre la créativité, le savoir-faire et le partage. La valorisation des métiers de l’agroalimentaire devient essentielle dans un contexte où les terres cultivables diminuent et où certaines espèces de poissons disparaissent sous l'effet d’un système alimentaire parfois absurde.
Une alimentation considérée comme durable doit être :
- Viable économiquement
- Vitale pour l’environnement
- Vivable pour les générations futures
Elle implique une prise de conscience croisée entre producteurs, consommateurs et entreprises agroalimentaires.
Un modèle économique à repenser
Le secteur de la restauration doit conjuguer rentabilité et qualité, tout en respectant une identité culinaire forte. La création de valeur ne se limite plus à l’assiette : elle passe aussi par l’expérience partagée, l’ambiance et le design culinaire.
Les restaurateurs et hôteliers doivent être accompagnés pour comprendre l’impact de leur environnement sur leur engagement écologique. Cela passe par une communication plus humaine et authentique, mettant en avant le travail des producteurs et des chefs, sans filtres imposés.
« Communiquer sur leurs engagements et replacer l’humain au centre de la gastronomie apparaît de plus en plus essentiel. »
Former aux enjeux de la cuisine responsable
Cette sensibilisation à une alimentation durable nécessite une approche pédagogique nouvelle. Comme l’a souligné Régis Ferey, il s’agit également d’impliquer les apprenants et les professionnels dans une réflexion sur :
- La santé humaine : réduire les protéines animales, sublimer les produits végétaux, revisiter les techniques de cuisson.
- L’impact environnemental et le bien-être animal : valoriser les élevages vertueux et les modes d’abattage respectueux.
- Une plus grande transversalité entre les métiers de la filière alimentaire : encourager le partage des savoirs et des compétences.
« La bonne nourriture coûte cher, mais la mauvaise coûte encore plus cher. »
Repenser notre manière de produire, cuisiner et consommer est un défi de taille, mais aussi une opportunité unique de transformer nos pratiques culinaires en un véritable levier de développement durable.
Repenser notre alimentation
Développer une identité culinaire propre à chaque territoire devient alors un levier stratégique pour inscrire les pratiques du « bien manger » dans la durée. La gastronomie de demain dépasse le contenu de l’assiette : elle s’inscrit dans une démarche globale, mêlant créativité, transmission et engagement écologique.
Un défi stimulant pour les acteurs du secteur, mais aussi une nécessité pour l’avenir de notre alimentation. Dans un monde de plus en plus en quête de sens et de responsabilité, la question du marketing alimentaire évolue pour répondre aux défis environnementaux, sociétaux et économiques.
« L’expérience culinaire devient un levier puissant, transformant le repas en moment de partage et d’émotion. »