À l’occasion de la leçon inaugurale de rentrée de Sciences Po Rennes, les étudiantes et étudiants de première année des campus de Rennes et de Caen se sont réunis à l’établissement culturel des Champs-Libres, pour découvrir les grandes lignes des Cahiers de doléances bretons.

Après la diffusion d’une série de doléances retranscrites à l’orale, Pierre Le Moignic - étudiant en master politiques publiques, parcours concertation et territoires en transition (CTT) et alternant au sein du cabinet du Président de la Région Bretagne - a présenté les principaux axes de son mémoire intitulé “Entre colère et réinvention : les doléances bretonnes comme miroir d’une démocratie en crise”, en présence d’Anne Chevrel, Responsable du parcours CTT.
Les cahiers de doléances sont l’un des dispositifs mis en place dans le cadre du Grand débat national, instauré durant la crise des Gilets jaunes en 2019. Ils représentaient un moyen plus libre d’exprimer les revendications, même pour ceux n’ayant pas accès à internet. Au total, près de deux millions de personnes se sont déplacées dans les mairies de France, pour inscrire leurs réclamations dans plus de 19 000 recueils.

Entre colère et réinvention : les doléances bretonnes comme miroir d'une démocratie en crise
L’enquête, basée sur un échantillonnage de 1900 doléances, fait ressortir trois grands ensembles :
- Transition écologique et mobilité
- Économie et fiscalité
- Démocratie et services publics
Concernant l’écologie et les mobilités, l’analyse met en lumière la colère des individus, principalement dans les espaces ruraux, vis-à-vis de mesures perçues comme punitives et déconnectées de la réalité (abaissement de la limitation de vitesse à 80km/h, primes pour l’achat de voitures électriques qui restent considérées comme inabordables). Les citoyennes et citoyens revendiquent une écologie non-punitive, notamment axée sur une agriculture verte et plus respectueuse du vivant.
Sur l’économie et la fiscalité, les cahiers de doléances dévoilent une multitude de récits de vie, autour des difficultés quotidiennes. La question du pouvoir d’achat apparaît centrale, notamment pour les retraités, qui plaident pour une indexation des retraites sur l’inflation et critiquent certaines mesures comme la CSG.
Enfin, au sujet de la démocratie et des services publics, Pierre Le Moignic met en exergue un mécontentement conséquent et une méfiance à l’égard des élus, perçus comme trop coûteux pour la société et déconnectés de la réalité. Les citoyennes et citoyens appellent de leurs vœux une démocratie plus proche, mettant en évidence le désir d’une participation directe. L’accès aux soins et aux services publics de proximité représentent également des sources de préoccupation majeures.
À l’issue de sa présentation, Pierre Le Moignic a été rejoint par Romain Pasquier, Directeur de recherche au CNRS et titulaire de la Chaire "Territoires et mutations de l'action publique" de Sciences Po Rennes; Christel Marteel,journaliste et cheffe du service Bretagne à Ouest-France et Illaria Casillo, Vice-présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), afin de soumettre à la discussion les résultats. Lors de cette table ronde animée par Anne Chevrel, les protagonistes ont, entre autres, évoqués la défiance des Gilets jaunes vis-à-vis des journalistes, l’impact des réseaux sociaux sur le mouvement, la démocratie participative et « la crise institutionnelle » que traverse la France.
L’évènement s’est achevé par un temps de questions-réponses avec le public, suivi des conclusions du Directeur de Sciences Po Rennes, M. Pablo Diaz, et du Président de la Région Bretagne, M. Loïg Chesnais-Girard.
