Le vendredi 21 mars 2025, le festival Nos Futurs s’est ouvert avec la conférence "Et si on écoutait les baleines ?". Face à une salle comble, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, Camille Brunel, auteur d’Éloge de la baleine et Olivier Adam, bioacousticien spécialiste des sons des cétacés, ont partagé la scène avec des élèves de Sciences Po Rennes et de l’Institut Agro Renne-Angers, qui ont organisé et animé cette rencontre.

Structurée autour de trois approches – scientifique, artistique et militante – la conférence était également agrémentée d’interludes créatifs et participatifs, comme des quiz, des lectures, des sessions de peinture, ou encore un atelier d’origami. Léna Houtin, étudiante en 4e année à Sciences Po Rennes a modéré et régulé les temps de parole.
L’imaginaire de la baleine et son évolution
L'évolution de l'imaginaire collectif autour des baleines témoigne d'une transformation de notre relation avec ces cétacés, qui sont passés de symboles monstrueux à des icônes de majesté et de charisme, comme le souligne Camille Brunel. L’auteur y voit là la condition sine qua non pour sensibiliser et mobiliser le grand public à la survie et au bien-être des baleines, survie qui est pour Lamya Essemlali, indispensable à celle de l’espèce humaine. Elle explique qu’un monde sans baleines signifierait que l’humain n’aurait pas survécu aux dérèglements qu’il a causés.
La présidente de Sea Shepherd voit par ailleurs les baleines comme les gardiennes de la mémoire du monde. Les récits historiques témoignent de la perception que nous avons eue de ces animaux au cours de l’histoire, et qui a d’abord été fondée sur une relation de respect et de cohabitation, avant d’être spéciste. Voici une idée qui invite à réfléchir à la manière dont leur disparition marquerait la perte d’une sagesse fondamentale pour l'humanité. Olivier Adam déplore cet anthropocentrisme occidental où les baleines sont encore souvent perçues comme des ressources à exploiter plutôt que des êtres vivants sacrés.

Lors d'une interlude musicale, le public a pu assister à la peinture en direct d'une baleine par une étudiante de l'Institut Agro Rennes-Angers, ainsi qu'à la lecture d'un texte par Anna Guegan, étudiante en 4e année à Sciences Po Rennes.
Les défis actuels
Si la question de la survie des baleines est évidemment impactée par la crise climatique - comme le rappelle Olivier Adam -, Lamya Essemlali précise que la première cause de mortalité chez les baleines est la pêche, puisque les engins utilisés ne sont pas adaptés et détruisent l’habitat des cétacés. Les chalutiers, souvent accusés, à juste titre, ne sont cependant pas les seuls responsables : le dispositif Pinger, qui vise à faire fuir les cétacés pour pêcher leur nourriture, est également mis en cause.
Une opération de pêche, un chalutier, tue vingt dauphins.
Comment Protéger les Baleines ?
La conférence a également abordé la question de l’indifférence du public face à la disparition des baleines. Camille Brunel explique que les océans sont perçus comme des écosystèmes éloignés de nos quotidiens, ce qui rend difficile l’engagement des individus pour la protection des baleines. Il est selon lui essentiel de changer notre regard sur ces animaux et de ne plus les considérer comme des créatures distinctes de l’humanité. Au-delà d’une question de survie, il y a celle du bien-être, et au même titre que les humains, elles doivent pouvoir évoluer dans des environnements sans stress et sans maltraitance, explique l’auteur d’Éloge de la baleine.
Lamya Essemlali insiste sur la responsabilité humaine dans la protection des baleines, soulignant que l’homme, en tant que plus grande force de destruction de la planète, détient aussi le pouvoir de restaurer l’équilibre écologique. Elle rappelle ainsi le fameux slogan repris régulièrement dans les luttes écologistes : « Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend ! »

