Mécanismes cérébraux des apprentissages : les méfaits des écrans sur le cerveau

21/10/2025 16:54

Les étudiantes et étudiants de première année de Sciences Po Rennes ont eu l’occasion de découvrir les mécanismes de fonctionnement du cerveau et les conséquences des écrans sur leur attention lors de la conférence Mécanismes cérébraux des apprentissages, animée par Pascal Benquet, chercheur Inserm en neurosciences à l’université Rennes 1.

Avant d’aborder la question des écrans, Pascal Benquet s’est d’abord attelé à définir les mécanismes d’apprentissage du cerveau, dès le plus jeune âge, afin de faire valoir que le cerveau est capable de s’adapter à ce que l’on fait tout au long de la vie. Il souligne que le cerveau détient une forme de plasticité, c’est-à-dire que plus les tissus cérébraux sont activés, plus ils se développent. Ainsi, plus un individu écrit, plus il devient performant dans ce domaine. En revanche, dès lors qu’il cesse cette pratique, la zone du cerveau contrôlant les neurones dédiés à cette action diminue et se concentre sur d’autres activités.

Le cheminement pour arriver à la mémorisation est fait de plusieurs étapes dont notamment :

- l’amplification : fait de décider ce qui est important ou non

- l’inhibition : fait de supprimer les éléments non-capitaux

- le maintien : la capacité à conserver l’information principale et à inhiber les autres sur le long terme

D’après Pascal Benquet, le maintien de l’attention est absolument fondamental dans le processus de mémorisation. L’attention permet de fixer des priorités, à travers la suppression des signaux inutiles à l’apprentissage. Toutefois, le cerveau étant conçu pour détecter en priorité le danger, il anticipe en permanence le futur. Ainsi, tout phénomène imprévu capte l’attention du spectateur, qui se détourne de sa tâche initiale.

Par ailleurs, l’attention est particulièrement captivée par le mouvement, la nouveauté et tout ce qui est émotionnel. En effet, le cerveau amplifie ces signaux externes en libérant de la dopamine, ce qui oriente naturellement l'attention vers eux.

Dès lors, le chercheur considère que la principale difficulté pour les élèves est de conserver cette attention, qui s’avère être réduite par deux facteurs fortement présents chez les étudiantes et étudiants : la fatigue et l’anxiété. Ces dernières diminuent la capacité de notre cerveau à inhiber les éléments de distraction.

Or,  Pascal Benquet alerte sur le fait qu’un usage excessif des écrans favorise ces deux composantes perturbatrices. De surcroît, l’intervenant met en garde sur le caractère hyper addictif des smartphones. Il liste plusieurs éléments favorisant l’addiction :

- le lancement automatique des vidéos dès lors que l’on se rend sur une plateforme en ligne

- le caractère émotionnel des contenus, à travers la présence d’individus

- l’effet de surprise permanent, pour éviter l’ennui et tenir le spectateur en haleine (usage de contenus chocs, ridicules, sensuels etc)

Des études démontrent par ailleurs que nous manipulons notre smartphone entre 200 et 600 fois par jour, afin de satisfaire un besoin croissant de « doses émotionnelles ».

Des études démontrent par ailleurs que nous manipulons notre smartphone entre 200 et 600 fois par jour, afin de satisfaire un besoin croissant de « doses émotionnelles ». Pascal Benquet avertit sur les effets néfastes de ces comportements. Il affirme que plus les élèves divisent leur attention, plus leurs performances académiques chutent. Le simple fait d’avoir un smartphone éteint sur la table réduit considérablement la concentration des étudiantes et étudiants.

Le chercheur note que l’usage des ordinateurs, à travers une prise de note plus rapide, réduit la compréhension générale du cours. En effet, il souligne qu’écrire lentement oblige le cerveau à écouter, filtrer l’information, faire le lien avec ses connaissances pour enfin sélectionner les éléments essentiels. En somme, cela impose au cerveau de réfléchir.

Ses conseils pour maintenir une bonne attention dans le travail ?

- Ne pas utiliser les écrans de manière excessive afin d’atténuer l’anxiété et d’abaisser la fatigue liée aux troubles du sommeil.

- Exercer une activité sportive afin de diminuer le stress.

- Laisser les écrans à distance lors des cours ou des révisions pour ne pas diviser les capacités d’attention.