Michael Keating, spécialiste des questions de nationalisme et de politique territoriale, professeur émérite à l’université d’Aberdeen, ayant notamment travaillé sur l’indépendance de l’Écosse et sur la question celtique à travers le prisme des sciences sociales, a exposé ses savoirs sur le sujet lors de la conférence intitulée « Celtisme au XXIe siècle : quels usages politiques, culturels et sociaux ? ».
Michael Keating est d’abord revenu sur les origines du celtisme, en s’intéressant à son histoire, sa période d’existence et sa localisation. Alors que certains considèrent que la civilisation Celte n’a jamais existé, les historiens qui défendent son existence font remonter sa présence à la protohistoire et estiment qu’elle a peuplé toute l’Europe, avant de battre retraite vers la façade Atlantique au gré des invasions.
Le professeur émérite a évoqué la perpétuelle controverse autour de l’existence même des peuples Celtes. Il souligne que de multiples personnes remettent en cause l’authenticité des ouvrages sur son histoire et la crédibilité des spécialistes qui les rédigent. Ces détracteurs affirment que la civilisation Celte est un mythe moderne qui aurait été inventé au XVIIème voire au XVIIIème siècle.
Michael Keating est frappé par la férocité des débats sur l’existence de ces peuples. Pour expliquer ce phénomène, il indique qu’au-delà de l’aspect culturel, le celtisme touche des réalités actuelles avec des enjeux politiques. Les voix critiques ont par exemple utilisé l’inexistence supposée des Celtes de l’Antiquité comme moyen de décrédibiliser quelconque droit à l’autodétermination des écossais, au moment des débats sur le statut d’autonomie du territoire.
Or, selon l’approche constructiviste du professeur émérite, l’ensemble des nations n’est pas préhistorique puisque toutes ont été construites, à l’image des traditions qui sont évolutives pour répondre à la modernité.
La conférence a été suivie d’une table-ronde avec Aziliz Gouez, Conseillère régionale de Bretagne et Vice-Présidente de Nantes métropole, ancienne plume du Président de la République d’Irlande; Gaël Hily, chargé de la chaire Territoires et mutations de l’action publique (TMAP) de Sciences Po Rennes et docteur en littérature celtique médiévale. Celle-ci était animée par Tudi Kernalegenn de Bretagne Culture Diversité et responsable du master Culture et transitions de Sciences Po Rennes.
Ils ont entre autres évoqué l’attractivité du terme « Celtique » dans une multitude de domaines, notamment au sein d’institutions comme le Conseil régional de Bretagne qui promeut une « diplomatie Celte », entendue comme moyen d’affirmation politique de la région.