L'œil des étudiants

"La tête dans les enceintes" : l'enquête des étudiants du master 2 Journalisme qui décortique les free parties

13/05/2025 16:08

Hors du cadre, les free parties dérangent. Bruyantes, marginales, clandestines et propices à la consommation de drogues... Pour beaucoup, elles jouent avec les limites de l'acceptable. Mais ce tableau suffit-il à dépeindre la réalité d’un phénomène désormais ancré dans la société ? 

Dans cette enquête en cinq volets, les étudiants et étudiantes en master 2 journalisme : reportage et enquête de Sciences Po Rennes plongent au cœur de l'univers de ces soirées techno clandestines.

Le mouvement des free parties persévère depuis les années 1990 dans un climat d'incompréhension et de méconnaissance. Un flou qui ne décourage ni les organisateurs, toujours motivés pour empiler leurs enceintes, ni les teufeurs, qui restent nombreux à vibrer au rythme des basses. Difficile de recenser toutes ces fêtes puisque leur illégalité permet à certaines de passer sous les radars. Mais en 2019, dans un rapport de la commission des lois, le Sénat estimait le nombre de free parties à 4 000 par an en France. Selon notre propre décompte, la musique techno a rassemblé clandestinement environ 36 000 teufeurs en Bretagne et en Loire-Atlantique durant l'année 2024.

Non déclarées ou interdites, ces soirées, qui s’étirent parfois sur des week-ends, attisent les fantasmes : dérangeantes avec leurs bruits sourds et répétitifs, elles seraient complètement improvisées, chaotiques et dangereuses. Le sociologue Antoine Baczkowski l'admet : "La free party transgresse un certain nombre de règles." Cette réalité nourrit la fierté des uns et la crainte des autres. Pour le chercheur, lui-même ancien adepte de ces fêtes, "c'est ce caractère déviant qui froisse l'opinion publique, ce sur quoi se focalisent les médias et l'État". 

Les teufeurs revendiquent cette marginalité.Dans les rues de Rennes, à l'occasion de la manifestive - contraction de manifestation et fête - du 12 avril 2025, ils scandaient en chœur : "Je rêve d'un monde où nous pouvons danser librement." En face, l'État serre la vis. Illustration à l'Assemblée Nationale, où 73 députés ont déposé, le 18 mars 2025, une proposition de loi visant à "renforcer la pénalisation de l'organisation" des free parties.

Alors, pendant plusieurs mois, les étudiants et étudiantes en Master 2 Journalisme : reportage et enquête de Sciences Po Rennes se sont immergés dans ces soirées techno clandestines, à la rencontre des teufeurs et teufeuses, des collectifs d’organisation, des DJ, des représentants de l’État, des associations, des experts.