Dans le cadre de leur quatrième année au sein de Sciences Po Rennes, les étudiantes et étudiants ont la possibilité de prendre part à un module projet. Partie intégrante de leur diplôme, ils s’impliquent pendant une année universitaire dans un projet autour de thèmes variés auprès d’institutions rennaises, de projets associatifs. Une expérience riche en découvertes et en rencontres.
Cette semaine, nous partons à la rencontre du module projet « A la Rencontre des intellectuels du monde contemporain ». Un module projet en partenariat avec les Champs Libres, organisant les rencontres et conférences d’intellectuels et penseurs avec lesquelles les étudiantes et étudiants de Sciences Po Rennes ont la chance de s’entretenir. Les participants au module projet rédigent alors un entretien de leur rencontre publié sur le site des Champs Libres.
Dans le cadre de la sortie de son nouveau livre « Les institutions invisibles », publié aux éditions du Seuil, Pierre Rosanvallon animait une conférence aux Champs Libres, samedi 9 novembre dernier pour échanger et expliciter la crise démocratique française actuelle.
Échange avec trois étudiantes, Margaux, Lili et Salomé, pour discuter de leur dernière rencontre avec le célèbre sociologue Pierre Rosanvallon.
En quoi consiste ce module projet, et pourquoi l’avoir choisi ?
Margaux : Étant rennaise de naissance, j’assistais déjà à plusieurs conférences aux Champs Libres. Ce module projet me permet donc de concilier mes centres d’intérêt et d’aller plus loin en rencontrant des spécialistes reconnus pour leur travail. Ce qui est intéressant, c’est l’opportunité des rencontres qui nous sont possibles. Cela nous offre un éclairage nouveau sur de nombreux sujets et enrichit notre culture générale.
Lili : N’étant pas de Rennes, je ne connaissais pas encore les Champs Libres avant de faire partie du module projet. Du fait de mon parcours académique plutôt littéraire, la possibilité de réaliser des entretiens auprès de philosophes et penseurs m’a vivement attirée. Ces rencontres sont un moyen d’enrichir nos réflexions. Cela développe également notre capacité à travailler en groupe dans la rédaction notamment des articles.
Salomé : J’avais le sentiment de ne pas participer suffisamment à des conférences, et ce module projet est une excellente manière de m’y investir davantage. Le format entretien est unique : il offre un moment privilégié avec des experts dans leur domaine. Et en tant qu’étudiantes, cela nous permet également de poser un regard différent, plus jeune, sur leur travail et de faire des liens avec nos réflexions personnelles.
Que représente pour vous l’institution des Champs Libres ?
Margaux : Depuis toute petite, je vais régulièrement aux Champs Libres. C’est plus qu’une simple bibliothèque : c’est presque un tiers-lieu où chacun peut s’investir activement et y trouver son compte. L’institution incarne la démocratisation de la culture et des savoirs, en s’adaptant à tous les publics.
Lili : J’ai grandi dans une petite ville, donc je n’avais jamais connu un lieu comme celui-ci. Les Champs Libres offrent une ouverture d’esprit unique, permettant de découvrir des sujets de réflexion et des personnes que l’on n’aurait pas rencontré autrement. La gratuité des services renforce encore cette accessibilité, ce qui est essentiel, surtout pour nous en tant qu’étudiants.
Salomé : J’ai découvert les Champs Libres en arrivant à Rennes pour mes études. C’est un lieu qui se démarque des autres villes grâce à une grande diversité d’activités proposée. C’est un lieu qui invite à l’échange, à la découverte et surtout à l’ouverture d’esprit. Ce lieu joue un rôle de démocratisation du savoir et c’est d’ailleurs ce que l’on prône aussi à Sciences Po.
Dans le cadre du module projet, pourquoi avoir voulu rencontrer Pierre Rosanvallon ?
Salomé : Pierre Rosanvallon est une figure incontournable des sciences humaines. Pendant sa conférence, j’ai adoré la manière dont il a abordé sa thèse sous l’aspect des trois piliers. J’apprécie particulièrement sa capacité à s’adapter aux enjeux actuels, comme quand il a posé son regard sur les élections américaines pendant la conférence. Il rend ses concepts accessibles et concrets au travers de l’actualité.
Lili : Son travail est marqué par une vision novatrice de la démocratie. Contrairement à d’autres, il se concentre sur l’individuel plutôt que sur le global, ce qui m’a beaucoup marquée. La conférence qu’il a donnée était captivante, et ses théories sont profondément connectées au monde et enjeux contemporains.
Margaux : D’abord, nous avons toujours été sensibilisés à sa pensée grâce à notre formation. J’ai aussi un fort intérêt pour son objet d’étude de base : la démocratie, qu’est-ce qui la fait vivre ? Qu’est-ce qui la met en péril ? Son travail résonne profondément avec l’actualité. Écouter des intellectuels comme lui est non seulement enrichissant sur le fond, mais aussi inspirant sur la forme, pour nous qui serons sûrement amenés à vulgariser des idées complexes dans notre vie professionnelle.
Quels sujets avez-vous souhaité aborder avec Pierre Rosanvallon lors de votre entretien ?
Margaux : Dans le cadre du contrat pédagogique avec les Champs Libres, l’idée est de poser des questions qui nous concernent directement en tant que jeunes avec notre regard d’étudiantes. Il faut poser des questions que le penseur ne reçoit pas dans les médias par exemple. L’objectif est d’explorer sa pensée autrement, dépasser le simple cadre théorique. Finalement, c’est faire parler plus loin que la théorie et que ses idées.
Lili : Nous voulions particulièrement connaître sa vision sur le rôle des jeunes dans notre société. Son éclairage était intéressant. Pierre Rosanvallon nous voit avant tout comme des citoyens et citoyennes, acteurs du monde qui nous entoure.
Salomé : Nous avons souhaité intégrer des questions d’actualité. Nous avons aussi rebondi sur plusieurs de ses propos lors de la conférence. Cela nous a forcées à réfléchir aux applications et implications concrètes de ses idées et à leur résonance dans le monde contemporain.