Dans le cadre de leur cursus à Sciences Po Rennes, les étudiantes et étudiants ont la possibilité de prendre part à la vie associative de Sciences Po Rennes. Ils peuvent s’impliquer dans une des vingt associations différentes du campus abordant des thématiques complexes telles que l’immigration, l’écologie, la diplomatie, le féminisme, la sexualité, le mélange des cultures et d’autres encore. Ces différentes associations offrent une expérience riche en rencontres et en apprentissage.
Des leadeuses autochtones en Bretagne grâce aux associations SelvaViva & Revol'vert
Cette semaine, nous partons à la rencontre de l’association “Revol’vert”. Cette association se définit comme “l'association écologiste de Sciences Po Rennes visant à sensibiliser les étudiants aux enjeux environnementaux”. Cette association a organisé le 21 novembre à Sciences Po Rennes en collaboration avec l’association SelvaViva, une conférence intitulée “Les communautés indigènes d'amazonie colombienne : Identité et droits” avec pour invitées deux femmes de la communauté Nasa d’amazonie colombienne. Cette conférence s’inscrivait également dans le programme d'espagnol proposé par Sciences Po Rennes en LV2 et LV3 puisqu’un des thèmes abordés au deuxième semestre dans ce cours porte sur les peuples autochtones.
Cette conférence a été suivie d’une table ronde à la MIR (Maison internationale de Rennes) le 22 novembre avec les deux invitées de la communauté Nasa, une jeune femme brésilienne venant du mouvement des sans terres, ainsi que deux agricultrices biologiques bretonnes. Cette table ronde, inscrite dans le cadre du Festisol de la MIR, avait également une logique féministe puisque l’une des colombienne est une institutrice qui exerce des fonctions politiques et l’autre est gardienne dans leur communauté. Les agricultrices bretonnes ont pu évoquer la difficulté des discriminations dans leur milieu. Les étudiantes et étudiants de Sciences Po Rennes ont pu y assister.
Échange avec trois étudiantes membres de l’association Revol’vert, Clarisse Lecoursonnais (responsable communication), Angèle Fortin et Flavie Heim (co-présidentes), pour discuter de leur engagement dans le cadre de l'organisation de la conférence.
En quoi consiste Revol’vert ? Quel a été son rôle dans l’organisation de la conférence ?
Flavie : On a repris la ligne éditoriale des années précédentes, Revol’vert vise à sensibiliser et informer sur des questions liées à l’écologie, à ouvrir le débat, à faire circuler des idées et à lutter contre réchauffement climatique.
Angèle : Dans le cadre de la conférence, on a cherché à décentrer l’écologie de la vision européenne qu’il est parfois trop facile d’avoir. Il fallait décentrer d’une écologie européenne associée à des idées liées à un certain confort économique. La venue de ces femmes de la terre amazonienne, colombienne, a permis de proposer une vision radicalement différente.
Clarisse : La conférence portait sur le thème de l'identité et des droits des peuples autochtones. Cela permettait de proposer une autre vision moins européeanocentrée avec un rapport différent à la nature et l'environnement ; par exemple, leur communauté utilise beaucoup les plantes médicinales. Les leadeuses évoquent aussi souvent l'importance de la "madre tierra" dans leur culture, ce qui montre leur lien fort avec la nature. La rencontre a permis de s'intéresser à d’autres organisations politiques et sociales, à des rituels. Cette conférence permettait une approche à la fois culturelle et écologique. Cette conférence était aussi l'occasion pour elle d'évoquer leurs combats et leurs projets.
Pourquoi avoir choisi d'organiser cette conférence ?
Angèle : L’association SelvaViva a un partenariat avec l'association Revol’vert et Sciences Po Rennes depuis quelques années maintenant. L’année dernière, une conférence avec des femmes de la même communauté avait déjà été organisée dans les locaux de Sciences Po Rennes. L’association SelvaViva promeut la protection des peuples autochtones de la Colombie amazonienne.
Flavie : En mai dernier, les membres de l’ancien bureau de Revol’vert et l’association SelvaViva nous ont proposé, en tant que nouveau bureau, de faire perdurer le partenariat et d'organiser à nouveau une conférence avec la communauté Nasa ainsi qu'une table ronde à la MIR, sortant ainsi du cadre de Sciences Po.
Clarisse : J’avais participé à la conférence organisée par SelvaViva et Revol’vert l’année dernière et j’avais trouvé ça très intéressant. J’ai eu envie de rentrer dans le processus organisationnel d’une telle conférence. On a ainsi pu apprendre à connaître ces femmes colombiennes pendant la semaine. L’organisation de cette conférence était une opportunité qui s'inscrivait dans les valeurs que défendait Revol’vert.
Qu’avez vous appris de la venue des femmes colombiennes en dehors du cadre de la conférence ?
Flavie : Je ne parle pas espagnol couramment donc je n’ai pas pu poser toutes les questions que j'aurais aimé. C’était un peu frustrant. Mais j’ai beaucoup aimé travailler avec elles sur cette thématique. Passer du temps avec elles, même sans parler la même langue, nous a permis d’apprendre à connaître leur personnalité, de mieux entendre leurs messages. Je viens tout juste de commencer l’espagnol en LV3 et cette rencontre m’a donné la motivation de continuer.
Angèle : Pareil pour moi, je ne parle pas espagnol couramment mais on avait travaillé sur leur histoire avant leur venue. En plus, Flavie et moi en tant que co-présidentes avons été interviewées à leurs côtés par Ouest-France. Une interprète était présente pour les traduire. On a donc pu comprendre davantage leurs histoires personnelles. Malgré la barrière de la langue, en travaillant sur des sujets ensemble, on pouvait se comprendre. Cette compréhension mutuelle a été un sentiment assez fort à ressentir. A la table ronde il y avait également une interprète et elle a pu comprendre ainsi qu’elles étaient reconnaissantes d'être en France. C’était un moment très émouvant. Grâce à cette rencontre j’ai aussi envie de réapprendre l’espagnol.
Clarisse : En ce qui me concerne j’ai eu l’opportunité de suivre une formation de prise de parole pendant deux jours prise en charge par SelvaViva avec les deux colombiennes et la jeune fille brésilienne qui a aussi participé à la table ronde. Ce sont des femmes fortes et passionnées par ce qu’elles font. J’ai eu un échange poignant avec une des femme colombienne : leur communauté a une tradition d’artisanat et une des leadeuse m’a offert un sachet fait main pour que je puisse y mettre “mes projets à l’intérieur” de manière symbolique. Je pense que cela les a touché de voir qu'elles n'étaient pas les seules à se battre, et que nous étions sensibles à leur cause. Elles ont sûrement eu le sentiment d’être reconnues et considérées dans leur lutte grâce à cette rencontre.