Le mardi 15 octobre, le Campus des Transitions dans le cadre de l'Agora des Transitions a organisé la table ronde « La société écologique dans ses territoires », réunissant des pionniers de l'écologie culturelle : Julien Rodrigues, le secrétaire général de la mairie de Mutterscholz (Alsace), Sébastien Guinard : le responsable du projet "Regard de môme" (à Becherel, Bretagne), Boris Bailleul, gérant de l’eco-lieu Pahá conférencier, consultant et formateur (Curcy-sur-Orne) et Patrick Scheyder : Pianiste, auteur et théoricien de l'écologie culturelle.
Animé par Nicolas Escach, maître de conférences en géographie et directeur du Campus des Transitions, cet événement a permis d'approfondir les enseignements sur les écolieux et tiers-lieux, labellisés « maisons de l'écologie culturelle ».
Les gestionnaires de ces lieux innovants ont partagé leurs méthodes et outils pour imaginer de nouvelles façons de transformer leur territoire, tout en plaçant le renforcement du lien social au cœur de leur démarche. Cet échange s'inscrit parfaitement avec les objectifs pédagogiques de Sciences Po Rennes, qui vise à préparer les étudiants à penser et agir pour une transition écologique intégrée aux pratiques sociales, culturelles et territoriales.
Une transition écologique au service des territoires
Les intervenants ont livré leurs cheminements vers l’écologie, à travers différents projets. Julien Rodrigues est revenu sur l’aménagement urbain de la commune de Muttersholtz. L’ancienne capitale de la biodiversité française a co-construit avec des élus, des citoyens et des acteurs culturels, Les Synergies; un lieu consacré à l'engagement citoyen, sportif et culturel, accueillant des manifestations, des résidences d'artistes. La commune se concentre désormais sur la production d'énergie excédentaire grâce à son statut de Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte, soutenue par des partenaires comme l'ADEME, la Région Grand Est et le Département du Bas-Rhin.
Sébastien Guinard, responsable de l’association Regard de môme, a partagé son expérience dans la ville de Bécherel, en Bretagne. Bécherel, connue pour son patrimoine lié aux livres, se transforme aussi en cité verdoyante lors des festivals Ô Jardins Pestaculaires. D’anciens jardins privés ont été réinvestis en scènes artistiques, mais aussi en ateliers créatifs pour les plus jeunes. Ces espaces, accessibles plusieurs jours par an, sont à la fois des lieux de reconnexion à la nature et des plateformes pour les artistes locaux. M. Guinard a souligné l’importance de créer du lien entre les habitants en leur offrant des lieux communs de partage autour de la culture et de l’écologie.
L’écologie peut aussi être une expérience personnelle. Boris Bailleul a créé Pahá, qui accueille régulièrement des étudiants du campus des Transitions. Son ecolieu s’est bâti grâce à l’observation de la nature, une méthode qui consiste à ne pas modifier certaines parcelles de son terrain pour laisser la biodiversité réapparaître spontanément. C’est ainsi qu’il offre une opportunité de décélération à ses visiteurs, un lieu où l’on prend le temps de reconnecter son corps et son esprit à la terre.
Patrick Scheyder a conclu la table ronde en examinant l'écologie culturelle sous un prisme artistique. Il soutient que l'art joue un rôle essentiel dans la reconnexion de nos sensations et celui de notre esprit face à l’écologie : "Le réchauffement climatique touche d'abord le corps, avant de pénétrer l'esprit", explique-t-il. Scheyder souhaite rendre l’écologie accessible à tous, sans qu’elle soit perçue comme reservée à une élite. Son spectacle "L’éloge de la forêt" invite les citoyens à vivre des expériences sensibles avec la nature à travers la musique et d'autres formes d'art. En créant une approche plus émotionnelle et corporelle de l’écologie, il espère sensibiliser davantage de personnes aux enjeux climatiques.
Ainsi, autour de cette table ronde, les intervenants ont rappelé que l’écologie culturelle, c’est aussi réinventer notre manière de vivre ensemble, de créer, et d'interagir avec l’environnement. Que ce soit à travers des projets artistiques ou l’aménagement durable, chacun d’eux œuvre pour une écologie sensible et humaniste, où l’art et le lien social occupent une place centrale.
